CAPTAIN AMERICA : L'INTÉGRALE 1979-1980
Roger McKenzie, Sal Buscema I 328 pages, 36,00 €
Captain America continue de défendre les valeurs d'ouverture de l'Amérique face à un groupe haineux appelé la Force Nationale. Il déménage également pour s'installer à Brooklyn, et y rencontre le Punisher, entre autres histoires passionnantes survenues lors du changement de décennie.
(Contient les épisodes US Captain America (1968) 231-246 et Marvel Premiere (1972) 49, précédemment publiés dans Captain America 24-27, Captain America (II) 1 et Étranges Aventures 70)
1er FEVRIER
Comme je le disais lors de ma review de la précédente intégrale, cette période est celle avec laquelle j'ai commencé la série. A ce moment de la publication en VF par Aredit, j'avais déjà du rattraper pas mal des artima color et donc lu bien meilleur comme la saga de l'imposteur de Englehart mais cela reste une période qui me tient à cœur.
Cette intégrale commence par un arc en 5 parties par Roger McKenzie et dessiné par Sal Buscema, encré par Don Perlin et Jack Abel.
Captain America retrouve Peggy Carter qui lui indique qu'elle pense que Sharon est en danger. Elle a disparu lors d'un rassemblement de la Force Nationale, groupuscule d'extrême droite dirigé par le Grand Directeur. Il semble qu'elle et la foule ont subi une sorte de contrôle mental.
Peggy est attaquée par la Force Nationale sous les yeux du héros. Les fanatiques finissant par s'immoler à l'aide d'un dispositif intégré à leur ceinture.
Pour retrouver la trace de ce groupe, Notre héros emploi des méthodes plus proche de Daredevil en secouant les truands de la rue. Il se retrouve alors entre le gang de Morgan (boss du crime à Harlem) et des membres de la Force Nationale dont Sharon. Le combat finit avec une nouvelle immolation sans qu'on sache ce qu'est devenue l'agent 13.
Le grand Directeur ne cesse de parler à un homme dans l'ombre puis même de finir à ces pieds en position fœtale (à plusieurs reprises). L'homme mystérieux n'est autre que Faustus, le psychiatre ennemi de notre héros.
Il a tendu un piège à notre héros. Nous découvrons alors que le Grand Directeur est aussi Steve Rogers ou plutôt le Captain America des années 50, raciste et anticommuniste.
L'épisode suivant montre notre héros dans une pub TV raciste portant comme emblème à son bouclier, la croix gammée. (On imagine les réactions aujourd'hui demandant la tête du scénariste).
Daredevil (scénarisé aussi par Roger McKenzie avant que son dessinateur ne le détrône) recherche Cap et parvient à lui rendre ses esprits. Il s'ensuivra plusieurs combats et une poursuite en avion d'un dirigeable (DD pilote un biplan puis un quinjet. Je suis pas sûr qu'un sens radar remplace autant les yeux que ca). Faustus voulait contrôler New York avec son gaz mental. Il est vaincu. Le Cap des 50's s'est immolé (on verra que non) et aurait tué son Bucky (non plus).
Le scénariste confronte le héros aussi au vide qu'est sa vie en dehors de son identité de héros. Il a fort à faire aussi avec le SHIELD qui fait du zèle et ne semble pas apprécier les interventions d'un électron libre. On voit aussi d'autres personnes d'autorité (un militaire) avoir le même type de réaction alors que la jeunesse voit le héros comme un ringard.
Si les réactions des autorités trouveront leur aboutissement dans les Avengers de Michelinie avec le procès qui les opposera à Gyrich et au Gouvernement (Stern est l'éditor des deux titres), le reste n'aura pas de lendemain après cet arc.
Un arc plein où malheureusement on sent que Sal Buscema ne livre que des crayonnés succins. A l'époque il est aussi dessinateur de Hulk, de Tarzan, fais au moins un arc de Marvel Team-up et des fill-ins à la pelle dont le Marvel première qui suit avec le Falcon. On voit donc plus le style de Don Perlin qui manque de punch, est un peu maniéré.
Nous avons un bon arc inaugural.
Le Marvel Premiere ave le Falcon est meilleur graphiquement et livre une histoire de complot avec une sorte de whodunnit sympathique mais oubliable.
Captain America 237 est un épisode pivot. Etrangement, si on retrouve McKenzie, il ne fait que dialoguer un script de Chris Claremont.
L'histoire commence par une conférence de presse où notre héros se voit obligé d'expliquer ce qui s'est passé dans l'arc précédent à la presse. Il parait fortement désabusé. C'est là qu'une équipe télé va lui révéler que Sharon est morte, immolée.
Nous avons droit à une scène touchante, en retenue et assez différente de nombre de décès de l'époque puisqu'il se joue en différé.
Le découpage de Sal Buscema est magnifique malgré l'encrage de Perlin.
La mort d'un personnage aussi important au casting demeure assez rare à l'époque. Chez Marvel, il doit y avoir dans l'ordre Pamela Hawley (Sgt Fury), Janice Cord (Iron Man) et bien sùr Gwen Stacy. En VO, Jean Grey est toujours vivante même si pour les fans français des 80's, cet épisode sera publié aprés les X-Men de Claremont/Byrne.
Nous voyons ensuite le Falcon découvrir une semaine plus tard que Steve Rogers n'habite plus son appartement. Alors que Sam et les Avengers s'inquiètent, Steve apparait et leur signale qu'il a déménagé à Brooklyn et est devenu dessinateur publicitaire.
Revenu à son nouvel appartement, il est invité à diner avec un voisin, Joshua Cooper chez une autre voisine Anna Kapplebaum. Cette dernière semble être une mère de substitution pour les autres habitants de l'immeuble. Steve découvre qu'elle est une rescapée des camps de la mort. Elle a bien sur été délivrée par notre héros d'un camp fictif où une sorte de Mengele officiait. L'histoire finit par un appel de Fury qui s'excuse du comportement du SHIELD mais a besoin de notre héros.
Cet épisode est curieux. Si le sujet parait assez naturel pour un plot de Chris Claremont, il faut se rappeler qu'à l'époque les X-Men affrontent Proteus et que l'auteur n'a pas encore retconné Magneto. De mémoire, il me semble avoir lu qu'il avait déjà abordé le sujet (Ms Marvel? Team-Up?). Cependant, l'épisode est aussi l'aboutissement des intrigues de McKenzie sur la vie privé du héros.
McKenzie n'est pas au scenario de l'épisode suivant mais reviendra sur 3 épisodes. On sait que Stern a refusé un arc en deux partie sur des incendies criminels que Miller finira par reprendre aidé par .. Stern pour le fameux Marvel Fanfare 18 (un des mes all-time favorite).
Peter Gillis signe une histoire en deux partie qui reprend l'appel de Fury terminant l'épisode précédent. Des télépathes sont attaqués mentalement. Cap reçoit un appel à l'aide psychique d'une princesse qu'il doit délivrer d'un chateau au sommet d'une montagne. On a tous les éléments d'un conte mais à la sauce James Bond (Gadgets du SHIELD à gogo).
La princesse s'avèrera une fillette aussi puissante que Xavier (voire plus) qui disparaitra au sommet de la montagne (suicide?).
Histoire sympathique mais l'aspect conte la rend assez irréelle après des histoires pas mal ancré dans la réalité. Fred Kida, dessinateur du Golden Age sur Airboy par exemple, rend une copie un peu datée mais qui ne choque pas aprés du Don Perlin. Le personnage féminin dans ces deux versions ayant un coté Frank Robbins (sur morbius ou Invaders).
Les frêres Kupperberg suivent pour une histoire de gang qui effraie un vieillard pour récupérer un immeuble. Le chef du gang arrivant sans explications à démolir un ponton. Ca n'a que peu de sens et d'un ennui sans nom comme souvent avec Paul Kupperberg. Alan Kupperberg ayant un graphisme bien plus daté que Fred Kida. J'ai lu cet épisode à ans et je trouvais déjà que c'était débile.
On nous annonce le retour de McKenzie avec Adonis.. cela ne viendra que deux numéros après.
Mike Barr, Frank Springer et Pablo Marcos nous racontent la première rencontre avec le Punisher. Ce n'est pas inoubliable mais ca se lit. Steven Grant ramène le manipulateur et Muldoon (ancien collègue de Rogers dans la Police, devenu criminel dans le run d'Englehart). pour un histoire sans prétention où Don Perlin est heureusement encré par Sinnot. On découvrira que le manipulateur est un robot, ce qu'il ne savait pas lui-même.
McKenzie revient donc avec Adonis, un arc en deux partie. Un vieux riche excentrique vole un LMD pour y transférer son esprit et vivre ainsi éternellement. Son fils sabote l'opération et le corps du LMD est défiguré et bossu. Il se lance dans la destruction de tout ce qui est beau avant de mourir pathétiquement.
Le seul intéret de l'épisode est de suivre Steve dans sa vie privé avec ses voisins et à la recherche d'emploi (ce qui avait été aussi fait par Mike Barr dans l'épisode avec le Punisher). Don Pelin encreur ou dessinateur n'aide pas pour rendre Adonis terrifiant.. il le rend assez comique.
Dans son dernier épisode, McKenzie confronte Anna Kapplebaum à son Mengele, enlevé par des néo-nazis. Ce docteur semble avoir changé mais finira sous les balles de chasseurs de nazis. Infantino livre de belle planches sous une superbe couverture de Miller.
Cet épisode signe aussi le départ de Stern comme editor alors qu'il passe scénariste freelance. Jim Salicrup, son ancien assistant, l'embauchera pour remplacer McKenzie sur la série.
Stern n'aura pas été satisfait des approches de Steve Gerber ni de Roger McKenzie qu'il aura à superviser. Outre l'arc dont je parlais plus haut, il aura refusé un autre arc à McKenzie qui aurait vu Captain America devenir Président des USA pendant quelques années.
Lors de son propre run, il prendra ce point de départ pour donner sa vision de Cap sur ce point comme il retconnera les origines inventées par Steve Gerber.
C'est aussi cette vision du personnage qui en fera un candidat naturel pour reprendre le titre.
En attendant, un dernier numéro sera publié avec Peter Gillis qui fait revenir le dernier ennemi que Ditko créera pour Spider-Man, Joe Smith dans une histoire assez émouvante sur les enfants souffrant de handicap mentaux. Jerry Bingham livrant de bonnes planches dans un de ses rares comics Marvel.
Que retenir de cette intégrale? Un bon arc puis une période un peu instable qui est la marque de la série depuis ses débuts et qui le gardera jusqu'au milieu des années 80.
Les scénaristes partent rarement de leurs pleins grés, restent sur des durées moins longues que sur d'autres séries, ce qui crée des périodes de fill-ins.
Heureusement, la période de changement initié par McKenzie gardera un axe au moins sur la vie privé du personnage et ses voisins.
La période est assez passable au niveau graphisme avec un Don Perlin omniprésent alors que les séries Xmen et Avengers bénéficient de John Byrne et que Miller arrive sur Daredevil et Romita sur Iron Man.
Les fans du personnage ou ceux qui apprécient la série y verront des belles évolutions du personnage malgré tout; les autres risquent de trouver que la série manque de stabilité et reste assez moyenne.
McKenzie sera remplacé sur Daredevil par Frank Miller aussi. On ne le retrouvera plus sur des runs alors qu'il n'aura pas démérité sur ces deux séries Marvel initiant pas mal des changements qui arriveront après lui avec des équipes qui resteront dans les mémoires.