Deadpool & Wolverine, de Ryan Reynolds et Shawn Levy.
Alors, avant tout, ça reste vraiment un film Deadpool, et le suite des 2 premiers. Le personnage de Wolverine est le personnage secondaire, même s'il est un des moteurs du film. Si vous n'aimez pas le personnage et/ou Ryan Reynolds, pas la peine de vous infliger le film, je ne pense pas que vous y trouverez votre compte.
Ayant bien apprécié les 2 premiers, en particulier en ayant réévalué récemment à la hausse le deuxième, je n'étais donc pas perdu. Le passage chez Disney n'a rien fait perdre en gore et en dynamisme dans la mise en scène des combats, et je n'aurais pas parié dessus. Un combat en particulier entre les 2 persos dans une voiture est un vrai régal. Jackman peut s'en donner à coeur joie face à un personnage ayant le même pouvoir que lui, il tranche, ça gicle, encore plus que dans le film Logan. D'ailleurs, l'héritage de ce film est géré de front dès la première scène du film de façon assez magistrale j'ai trouvé.
L'histoire tient sur un post-it certes (bon ok, un gros post-it
) mais elle permet de poser une très belle analyse sur le personnage de Wolverine et sur son importance à la fois essentielle et néfaste sur l'univers Fox. Une importance qui était devenue un fardeau pour le personnage mais surtout pour l'acteur. Dans cette approche méta, j'ai du coup trouvé très pertinente l'idée selon laquelle
Logan est un personnage "ancre" de l'univers et que sa disparition entraînerait la mort de son univers. Ca rejoint l'idée de "moment décisif" de Across the Spider-verse. A voir ce que Marvel finit par faire de tout ça... s'ils en font quelque chose. Stark serait-il l'ancre du MCU, avec un univers qui n'arrive pas à réellement continuer sans lui ?
Les références méta sont arrivées à un niveau tel qu'elles sont devenues la raison d'être de l'histoire du film. On ne se pose désormais plus la question de qui est à l'écran : Wade et Logan ou Reynolds et Jackman ? Ce sont les 4 à la fois, il n'y a plus de distinction. Sommes-nous dans un univers de fiction ou dans un film ? Chez Disney ou chez Fox ? Tout cela donne un cocktail réellement inédit par rapport à tout ce qu'on peut trouver au cinéma dans une telle franshise et c'est à la fois hyper rafraîchissant et assez inédit il faut l'avouer à cette échelle de film.
Du coup, pendant tout le film, je me demandais "comment le grand public peut appréhender, et apprécier, cela ?", surtout qu'à cela s'ajoute une ribambelle de cameos issus des films Marvel pré-MCU. Quand je lis des critiques qui parlent d'un film pour lequel il n'y a pas besoin d'avoir un doctorat en film Marvel pour l'apprécier, j'avoue que j'ai du mal à comprendre. La première réaction de ma femme à la fin du film était de me dire "Heureusement que j'ai tout vu. Ils prennent pas de gants".
Qui dans le grand public se souvient de
Jennifer Garner en Elektra ?
Qui est au courant que
Channing Tatum devait jouer Gambit dans un film moultes fois repoussé jusqu'à l'annulation ?
Comment quelqu'un biberonné au MCU comprend l'apparition de
Chris Evans en Johnny Storm ? D'ailleurs, je me suis complètement fait avoir par la mise en scène de l'apparition du perso et j'ai poussé un "Ho putain" bien sonore lorsqu'il lance son "Flame on". Quel putain de moment épique bordel.
De même, l'implication de la TVA est hyper raide pour qui n'aurait pas vu Loki. Donc comment expliquer que cette fois, contrairement à "The Marvels" par exemple, le reproche de devoir avoir vu plein d'autres films/séries n'est pas fait ici, à part de dire qu'il s'agissait précédemment en partie de mauvaise foi. Faut dire qu'ici, les personnages principaux sont 2 bonshommes blancs, ça aide, c'est sûr. Mais bon, le charisme de Jackman et Reynolds fait tout passer, et je ne vais pas m'en plaindre, ça va me faire des vacances de pas devoir justifier à tous les gens que je vois pourquoi c'est bien. Mais c'est surtout la preuve que quand on a envie de comprendre ou de laisser passer une référence, c'est possible.
Cependant, il faut reconnaître que le film est finalement très auto-contenu dans son histoire. Pour les gens qui espéraient qu'il lance réellement le MCU sur les rails de sa saga du multivers, il faudra repasser : j’imaginais (j’espérais ?) une apparition des nouveaux FF en post-gen, il n’en est rien. Malgré le fait que ça aurait pu être raccord.
En restant sur les liens avec le MCU, j’ai du mal à comprendre une scène particulière, même si elle m’a fait rire :
la scène d’entretien d’embauche par Happy Hogan qui se passe dans l’univers 616. Comment Deadpool a voyagé jusqu’à cet univers ? Juste avec la machine temporelle ?
Et la bande annonce avait joué avec la possibilité de D&W apparaissant dans les portails d’Endgame, il n’en est rien non plus.
Pour finir, je suis souvent nul pour les références trop rapides mais un petit truc que tout le monde n'aura pas je pense et qui nous a fait exploser de rire : lors le combat dans la voiture, un coup démarre l’autoradio et lance la chanson titre de « The Greatest Showman » de Hugh Jackman pendant une seconde. Ca résume bien le tout : les références portent ce film, elles sont nombreuses et souvent rapides. Quand on en loupe une, ce n'est pas forcément très grave mais quand on la choppe, elle est tellement bonne, tellement à propos qu'elle vous emporte. C'est ce que fait le film pendant 2 heures.